Le constat

En effet, les véhicules en provenance de la D618 doivent laisser la priorité aux véhicules venant de l’avenue Aristide Bergès (D117Nord), même si ces derniers tournent sur la D618 car leur destination est souvent imprévisible. De plus, en venant de la D618, les véhicules doivent également laisser la priorité à droite à ceux venant du Boulevard Général de Gaulle (D117Sud). La zone située entre la D618, la D117Sud et le triangle d’accès au rond-point constitue donc une zone de conflit accidentogène qui justifie un aménagement. De plus, très peu de véhicules sont présents en même temps sur le rond-point dénotant bien que l’accès au rond-point est problèmatique.

Zone de conflit au niveau du Rond-point Balagué

Conséquences immédiates du projet

Il est à prévoir une importante perturbation du trafic pendant les longs mois que dureront ces travaux de grande ampleur. À cela on peut ajouter les conséquences sonores et sanitaires (notamment dues à l’augmentation des particules émises) pour les riverains de la tranquille allée Pierre Sémard. Ces riverains se retrouveront à seulement quelques mètres de cette nouvelle route qui sera empruntée par de nombreux camions transitant le long des Pyrénées. Ces conséquences seront malheureusement permanentes.

L’agrandissement du rond-point Balagué empiétera énormément sur le parking actuel entre la piscine et l’avenue Maréchal Foch alors que le nombre de places est compté au niveau du centre-ville de Saint-Girons. Or ce parking est régulièrement plein les jours de marché ou d’événements. Il le sera d’autant plus après le passage à 30km/h de centre-ville.

Enfin, il y a consensus pour admettre que construire une nouvelle voie ou élargir une voie existante pour fluidifier le trafic routier est une solution de courte durée car elle incite souvent de nouveaux voyageurs à utiliser leur véhicule personnel ou à modifier leur trajet. Or un comptage au niveau du rond-point permet de voir que 8 véhicules sur 10 n’ont pas de passager (autosolisme). De plus, on peut craindre qu’une meilleure traversée de Saint-Girons n’amène plus de camions à choisir cette itinéraire pour éviter d’emprunter l’autoroute.

Raisons du choix de la pénétrante

Cette route est prévue pour délester le trafic de transit en direction de Castillon, notamment les camions qui longent les Pyrénées, ce qui devrait alléger le trafic local sur l’avenue Aristide Bergès. Les quelques secondes gagnées aux heures de pointes justifient-t-elles l’ensemble des conséquences inévitables de ce projet ? D’autant que les véhicules devront nécessairement ralentir à l’approche du nouveau rond-point. De plus, d’après une étude réalisée sur le trafic journalier de la D117, le taux de trafic le plus important de l’itinéraire Lacave / Saint-Girons se situe au droit de la gare de Saint-Girons1, laissant supposer que ce trafic est principalement constitué par des déplacements locaux. Dans ces conditions, la route de délestage aura-t-elle vraiment l’effet escompté ?

Le second argument avancé pour justifier le projet est la sécurisation des piétons et des cyclistes sur l’Avenue Aristide Bergès, un axe fédérateur pour St-Girons avec commerces, infrastructures sportives et éducatives et la future zone multimodale. Cependant, d’après l’étude réalisée par l’Agence Iter pour la Communauté de communes2, la section de la D117 comprise entre Peyre rouge et le Rond-point Balagué n’est pas plus accidentogène que le centre-ville de St-Girons. Toutefois, aménager l’avenue afin d’améliorer le partage de la rue entre tous ces usagers est une idée souhaitable, mais qui ne peut se faire qu’au détriment du trafic motorisé car cette amélioration nécessite l’implémentation de passages protégés, qui manquent cruellement aujourd’hui pour apaiser le trafic, et qui limiteront de fait la vitesse globale. Qu’en est-il alors du réel gain de temps, point de départ du projet de pénétrante ?

Le troisième argument est la mise en place de mobilités alternatives afin de répondre aux exigences des instances décisionnaires dans le cadre de la Transition. Pourquoi lier nécessairement ces différents projets ? Nous reviendront un peu plus loin aux problématiques des mobilités douces et des transports en commun.

Développement des mobilités douces

Comme on peut le voir en parcourant les rues de St-Girons, de plus en plus de Couserannais utilisent le vélo pour leurs déplacements quotidiens malgré le manque d’infrastructures liées à ce mode de transport. Infrastructures qui pourraient également être utilisées par les personnes à mobilité réduite car les trottoirs de l’agglomération saint-gironnaise leur sont souvent impraticables . Or actuellement, les aménagements cyclables envisagés apparaissent plus comme un alibi pour faire passer la pénétrante qu’un réel choix politique de mobilité. Les sommes importantes économisées en limitant les travaux permettraient au département d’aider la commune à améliorer les voies à destination des cyclistes et des piétons ainsi qu’à résorber le dernier point noir sur la V81 dans la traversée de l’Ariège. Ces travaux pourraient être consentis aux entreprises locales fournissant des emplois à un territoire avec un taux de chômage important.

De plus, du fait de la diminution des voyages en avion, les régions comme la nôtre pour développer un tourisme familial en sécurisant les itinéraires à vélo. Ces constatations justifient pleinement la réalisation de la jonction entre les tronçons actuels de la voie verte qui s’arrêtent au niveau de St-Lizier, aux portes de St-Girons, et ceci même en l’absence de nouvelles infrastructures routières.

Développement des transports en commun

Comme pour les pistes cyclables, la création d’une zone multimodale à la place de l’ancienne gare est soumise à la réalisation de l’ensemble du projet. À l’heure du changement climatique, quand la notion de transition est mise en avant au plus haut niveau, faciliter l’utilisation des transports en commun s’avère un choix judicieux pour diminuer l’autosolisme. C’est pourquoi nous sommes en faveur :

  • de la création de lignes de transports en commun qui relient les point les plus fréquentés du Couserans, notamment le CHAC, le centre-ville de Saint-Girons, l’usine de la Moulasse, la zone commerciale de Lorp ou encore les lycées ;
  • de l’augmentation du nombre de trajets quotidiens des lignes reliant les communes du Couserans ainsi que l’accès à la gare de Boussens et à Foix ;
  • de la réalisation de parkings-relais en périphérie de Saint-Girons et de la limitation du stationnement et de la vitesse en ville ;
  • de la réfection de la voirie piétonne.

Ainsi, le transfert d’un certain nombre de trajets individuels vers les transports en commun diminueront conjointement le nombre de véhicules qui traversent Saint-Girons, limitant de fait le trafic global et les ralentissements observés actuellement, ceci sans aménagement notable de la voirie dévolue aux véhicules motorisés. Pour un report important, il est impératif d’inciter aux changements de mode de transport en favorisant en parallèle les mobilités douces afin que les usagers puissent débuter/terminer leur trajet dans les meilleures conditions.

Entretien sur le sujet


  1. Projet d’aménagement de la « Pénétrante de Saint-Girons » et du carrefour Balagué – Département de l’Ariège – 15 janvier 2020 ↩︎
  2. Schéma de développement des mobilités actives dans l’agglomération de Saint-Girons – Septembre 2019 ↩︎